Le sens du sacrifice

TITRE : Le sens du sacrifice

AUTEUR : Philippe FUZELLIER

EDITIONS : Mon petit éditeur

Résumé

Évelyne Soulat, capitaine de gendarmerie, doit faire appel à un profiler pour résoudre son premier crime en série. Sa complicité avec Éric Dampierre conduit le duo sur des pistes de l'impensable, des enquêtes compliquées, dans lesquelles des criminels deviennent à leur tour des victimes. Des scénarios insensés laissent le lecteur en permanence sur une corde raide, et en haleine, pour identifier des personnages lancés dans un labyrinthe du crime. La chute est stupéfiante, comme un saut à l'élastique. L'auteur a délicatement tendu un piège à ses lecteurs, pour leur plus grand divertissement. En cas de vertige, s'abstenir.

Mon avis

J’ai mis un peu de temps à écrire ma chronique alors que j’ai lu ce roman début décembre. Je crois n’étonner personne en affirmant que les 24h d’une journée ne sont pas assez longues pour boucler tout ce qu’on désire faire.

C’est le quatrième roman de Philippe Fuzellier que je découvre et, ce dernier, m’a touché de part les origines du protagoniste principal. Le début du roman m’a transporté dans ma région natale : la Provence, plus particulièrement à Gordes, et dans l’une de ses traditions magnifiques que sont les santons de Provence. Dans ce début, je me suis laissée portée par les descriptions de l’auteur, n’ayant presque qu’à fermer les yeux pour revoir les paysages de mon enfance. C’est ainsi que le lecteur rencontre Eric Dampierre, 55 ans, commissaire divisionnaire, très réputé dans son travail. Le profiler, comme on le surnomme, va rendre visite à sa mère hémiplégique pour passer quelques jours avec elle, avant d’être appelé par son travail et une série de meurtres étranges.

Ce début peut paraître étrange au lecteur mais, personnellement, j’y ai vu l’humanité du personnage. Dans les polars, les flics ont tendance à être décrits uniquement dans leur métier avec quelques allusions à leur vie privée. Ici, on découvre Eric Dampierre de façon beaucoup intime. Sa maman, Emma, est attendrissante et on sent l’émotion dans les souvenirs de son papa, Victor, santonnier. Mais dès que l’enquête débute, on aperçoit l’autre facette du personnage et son professionnalisme. 

La plume de l’auteur va nous mener dans une sorte de périple avec plusieurs meurtres étrangement liés. Plusieurs personnages entreront en scène même si Eric Dampierre reste sur l’affaire et les rencontrera tous. Comme dans un autre des polars que j’ai lu de cet auteur, il ne néglige aucun corps de métier ni de détails sur l’affaire. L’intrigue est prenante et le dénouement très surprenant. Je ne m’attendais absolument pas à ça ! 

Pour conclure, j’ai été ravie de découvrir ce polar qui m’a ramené, le temps de quelques pages, chez moi, avant de me plonger dans une affaire étrange et prenante. 

Extrait

La joie d’Emma était visiblement un enchantement, retrouvant cette promiscuité qu’elle avait perdue avec le départ de Victor. On ne prend jamais suffisamment en compte le passage d’un couple à la solitude, né d’un veuvage, qui entraîne le conjoint survivant dans un mode de vie bouleversant ses anciennes habitudes. L’adaptation est parfois longue, voire inaccessible.

Éric venait de vivre ce soubresaut et la métamorphose de sa mère, qu’il ne mesurait pas de son bureau parisien. Il se rendit compte soudainement qu’il lui faudrait en tenir compte durant tout son séjour. Sa mère habituellement murée dans son silence, car non plaintive, venait malgré elle de lui révéler cette forme de souffrance, née du manque de l’autre. C’est dire que son caractère habituellement de nature à secouer psychologiquement autrui, devait en l’espèce s’effacer au profit d’une nécessaire tolérance. Et détail non négligeable, Emma n’avait qu’un fils, un enfant unique, le seul sur lequel elle pouvait compter. Autant dire qu’il était voué à ne pas commettre de graves erreurs. Une veuve et un divorcé, deux solitudes se trouvaient un peu liées à ne pas se décevoir.